05/10/2011

Des cœurs en divagation

Assis sur quatre tabourets, chacun sous un réverbère qui met son visage en contre-jour, les quatre acteurs sont en place lorsque le public entre. Habituellement, c’est nous qui prenons place et attendons le lever de rideau, ou que les acteurs entrent en scène. En pénétrant dans un espace déjà investi, nous sommes comme des intrus : nous regardent-ils ? Un long silence, et la pièce commence.
Cet assemblage de textes de Xavier Durringer et Eugène Durif est une anthologie de démarches garanties à massacrer une relation. Froideur, exigences, timidité maladive, violence : chaque tentative laisse voir l’improbabilité du bonheur.
En glissant d’un rôle à un autre, avec de constantes ruptures de ton, passant des rires aux cris, de l’anxiété à la forfanterie, Sophie Torresi, Virginie Deville, Xavier Czapla et Vincent Dussart dessinent à fins traits des êtres qui essaient de trouver dans l’autre ce qui leur manque en eux-mêmes. Comme un chien en divagation, chacun court vers le premier venu, espérant y trouver un gentil maître et un foyer chaud. Seuls un couple qui se regarde dans un parc, et deux autres paquets de nerfs dont les angoisses sont assorties, pourront faire un bout de chemin ensemble – mais vers quoi ?
Spectacle affligeant ? Non, car le théâtre tel que le jouent les comédiens de l’Arcade crée une distance libératrice qui permet aux spectateurs témoins de tous ces ratages de repartir, non pas désolés mais plus lucides.
Devant, Xavier Czapla et Virginie Deville ; derrière : Sophie Torresi et Vincent Dussart.
L’Union

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