21/04/2012

La mère, la fille… et l’autre


Elle est outrancière et provocatrice. Adolescente vêtue de noir gothique, en mini-jupe et bottes, criant dans le micro qu’elle tient, elle court, saute, enjambe, fulmine. Et elle n’existe pas.
    Dans la pièce « Tapage dans la prison d’une reine obscure », une mère dévorante vit avec la fille qu’elle dévore. Toutes deux, Lola et Reine, se figent dans la relation abusive. La mère cajole et humilie tour à tour, craint l’abandon, condamne toute initiative prise par sa fille. La fille, écrasée, ne se débat guère. La situation est bloquée, et pourrait le rester, empêchant tout mouvement dramatique. Mais l’Autre, la face cachée de la soumise Reine, excessive par opposition à sa passivité, pousse à la révolte, harcèle, cogne même.
    Reine tombe enceinte. Lola exige un avortement. Une lettre retrouvée fait des révélations, puis prolifère en feuilles de papier et envahit le plateau. La fille et son alter ego, l’une ragaillardie, l’autre adoucie, se rejoignent dans un tapage qui rompt le silence mortifère, en accrochant des guirlandes de papier, et en submergeant la mère sous une cape de lettres.
    La pièce de Mariane Oestreicher-Jourdain, mise en scène par Didier Perrier, est la seconde d’un triptyque sur la famille. Dans la première, « Sam et la valise au sourire bleu », venue au Mail en 2011, un enfant suicidaire était ramené à la vie par sa valise parlante – qu’incarnait Delphine Paillard, l’adolescente de « Tapage ».
L'Union

L’Adolescente entre la Fille
et la Mère : Delphine Paillard avec
Dominique Bouché et Renata Scant.

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