03/05/2013

Nicolas Alquin : Le peuple des sculptures

Pendant un mois l’Arsenal, et deux mois le réfectoire de Saint Jean des Vignes seront peuplés des sculptures de Nicolas Alquin. Peuplé ? Le spectateur est saisi immédiatement par la forme humaine de chaque œuvre. Ce n’est pas figuratif : plus on regarde, moins ces formes se précisent. Mais la première rencontre suffit pour que l’humanité de la sculpture touche l’humanité de celui qui regarde. Tout le sens du travail du sculpteur serait dans ce partage respectueux, humaniste.
    « Bois et dérivés » contient des sculptures en bois, des bronzes et des dessins. Le sculpteur prend appui sur les grands mythes grecs, chrétiens, même orientaux, non pas pour les illustrer, mais pour s’attacher la puissance humaine qui les a générés : les sœurs de Méduse, la déposition de la croix, un bouddha étalé. Icare chute la tête la première vers le sol. Salomé danse devant le tronc de Jean Baptiste, debout mais décapité, sa tête par terre.
Nicolas Alquin parle de ses intentions artistiques
devant sa sculpture « I am you », sous le portail de l’abbaye.
    Son statuaire est monumental, comme pour contenir le souffle de son imagination. Mais il évite un résultat massif en tronçonnant la sculpture terminée, puis recollant les tronçons de façon décalée.
    Un paquet d’autorisations a été obtenu pour réussir le coup le plus spectaculaire de l‘exposition, l’installation d’un bronze en haut du pilier tronqué au milieu du grand portail vide de l’abbaye. Une femme regarde un buste qu’elle tient, les deux têtes se ressemblant comme dans un miroir. Avec le titre « I am you », c’est la réponse de Nicolas Alquin au dilemme de l’humanité : « Se mettre à la place de l’autre. »
    Il se réjouit de poser son acte de foi à un point sensible de la ville, par son élévation, son histoire, sa spiritualité. Il est par ailleurs formel sur les locaux du musée : « A cent kilomètres autour de Paris, seul Soissons peut donner tant d’espace à un artiste. »
    Il est éloquent sur ses intentions, mais avec humour et modestie : il finit ainsi la conférence de presse : « Oubliez tout : seules comptent les œuvres– si elles comptent. »
L'Union

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